Première liste de matériel commenté

Publié le par Stan

Stan a publié un article sur sa première randonnée avec bivouac, en Ardèche, en 2008 : Première randonnée en Ardèche

 

J'en parle ici puisque c'est un modèle de mauvaise préparation du point de vue du matériel. 

Voici, avec quelques approximations et oublis, le matériel emporté à l'époque : la liste d'Anita et celle de Guillaume.

Il faut y ajouter un ou deux kilos pour l'eau et encore un (minimum) pour la nourriture. On atteint donc les 17 kilos pour Guillaume et 13 pour Anita. C'est plus de 25% du poids du porteur.

 

Voilà rapidement le contexte de la rando. Il s'agissait de partir 10 jours en Ardèche, en couple et en été. Nous avions prévu de suivre la rivière par le GR. Aucune difficulté technique, physique ou climatique particulière. Les dénivelés sont faibles, l'orientation est facile, il y a de nombreux ravitaillements et le climat est bon, quoique un peu chaud.

 

L'erreur que nous avons faites est de s'appuyer sur les conseils marketing de nombreux sites de randonnée et autres magasins. Forts de notre inexpérience, nous nous sommes basés sur ces éléments pour acheter notre matériel. La peur de manquer, d'être pris au dépourvu nous a conduit emporter trop. "Un sac trop lourd est un sac bourré d'angoisse" : chaque petit gadget en plus, chaque objet en double ou en trop grande quantité ou "au cas où" sont autant de talismans. Ils rassurent.

 

Je vais désormais démonter les principaux "critères" de choix et autres conseils marketing type D4 ou Vieux Campeur. Dans les deux cas, l'idée est de partir avec un sac bourré de matériel. Seulement, pour le second, il sera plus cher, sans doute plus léger... super, comme ça on peut en prendre plus ! Voici comment nous avons choisi ce matériel, pourquoi et pourquoi il ne faut pas fonctionner comme ça. Voilà comment on s'est retrouvé à porter 15kg ou plus pour randonner en été, en Ardèche, avec une autonomie faible. 

 

L'abri

T3 ul pro

Pourquoi parler d'abri, puisqu'il faut prendre une tente. Et pas n'importe quelle tente, une double paroi, idéalement auto-portante, et sur-dimensionnée. Nous avons choisi la T3 ultralight pro de decathlon (la page decathlon). 3kg pour 3 places, c'est pas mal pour 110€. Mais nous n'étions que deux et j'étais seul pour la trimballer, un boulet à traîner. Elle s'avère lourde et volumineuse, imposant donc un sac à dos de grande capacité, donc lourd. Pourtant, decahtlon affirme qu'elle est "royale pour deux". En effet, c'est le palais du Sultan niveau habitabilité. Mais, nous n'avions pas les chameaux pour la porter...

Rétrospectivement, c'est une hérésie de faire passer l'habitabilité et le confort comme critères premiers dans le choix d'un abri que l'on devra porter. Le contre argument typique est "s'il pleut toute la journée, c'est plus confort". Or quand on randonne en été, il pleut rarement toute la journée. Par contre on porte toujours sa tente toute la journée. Ce type de choix renvoie à une conception pour le moins étrange de la randonnée. C'est l'idée de choisir son matériel principalement selon le niveau de confort qu'il apporte au bivouac. Pourtant, la rando, c'est avant tout de la marche. Le confort de marche, donc la légéreté, devrait primer sur le fantasme d'un bivouac "comme à la maison".

 

Le sac à dos

milllet odyssee 6010Les experts sont formels. Randonnée avec bivouac sur plusieurs jours = sac d'au moins 60l. L'équation n'aurait qu'une solution ? J'ai déjà entendu des vendeurs conseillers des sacs de 60l à des demoiselles de 50 kilos... délirant. 

N'étant pas contrariant par nature et face au poids-volume de nos affaires, nous avions opté pour des sacs de gros litrage, avec un bon confort de portage. Pour Anita ce fut un GoSport 50, pour moi un Millet Odyssée 60+10. Respectivement 90 et 140€, a posteriori mal investis. Mieux vaut investir dans un sac de couchage de qualité, ce qui permet par la suite de réduire le poids et le volume du sac. Ainsi, il devient possible d'en acheter un plus petit, plus simple, moins cher. A budget égal, on gagne en poids. En tant qu'icône du randonneur, le sac à dos est souvent sur-investi, au détriment d'autres items, plus importants. La quantité d'équipement présente est hallucinante et démesurée, au prix d'un poids et d'un prix élevés, non justifiés la plupart du temps pour l'utilisation faite. 

L'autre erreur courante est de le choisir en premier. Comme symbole du randonneur, c'est la chose à laquelle on pense dès que l'on débute. Pourtant, le sac n'est qu'un contenant dont le but est d'être adapté à ce qu'il contient. Par conséquent, il doit être choisi en dernier. Le choisir en premier, c'est souvent le choisir trop grand, ce qui amène irrémédiablement à le remplir de choses plus ou moins (f)utiles.

 

Le sac de couchage et le matelas

S10 decathlonOui, le S10 "de base" n'est pas un must. Lourd, volumineux et peu isolant, c'est un anti bon sac de couchage. Mais nous les avions déjà, pourquoi en acheter d'autres... surtout que nous avions déjà dû investir dans des "bons" sacs à dos pour porter nos charges. Rien à reprocher à ces sacs, vu le prix, sinon qu'ils ne sont pas adaptés à la randonnée.  

autogonflant D4

Le sac de couchage est l'élément de l'équipement qui doit faire l'objet du plus gros investissement. Il est difficile d'économiser sur ce point comme on peut le faire sur le sac à dos. Un sac de qualité, léger et compressible, est la base d'une liste légère. Il permet de passer à un sac à dos plus petit, plus léger et moins cher. Le coût total sera le même mais le confort d'utilisation sera bien meilleur. 

Concernant le matelas, nous avions privilégié le confort en choisissant des vieux auto-gonflants D4 que nous possédions plutôt que des mousses basiques. Bon marché, lourds, encombrants et fragiles, ce fut un mauvais choix. Ils étaient inutilisables au bout de quelques jours. Une mousse coûte bien moins cher et ne fait pas défaut. 

 

C'est trois éléments sont la base d'une liste. A eux seuls, ils constituent souvent l'essentiel du poids emporté. Leur optimisation est donc prioritaire pour marcher léger et bivouaquer en sécurité. 

 

Les vêtements

polaire

Par flemme de devoir faire des lessives régulières, nous avions pris beaucoup trop de change. On retrouve ici le travers de privilégier le confort du bivouac à celui de la marche. Rétrospectivement, mieux vaut faire une petite lessive chaque jour en 10 minutes que porter un kilo de change pendant 5 ou 6 heures de marche. 

Nous avions appliqué le système 3 couches. Les vêtements emportés étaient corrects, synthétiques et légers pour la plupart. L'erreur fut seulement d'en prendre trop en rechange. L'allègement est simple et économique ; en emporter moins. 

 

 

Le reste (cuisine, hygiène)

réchaud bleuetComme précédemment, à chercher le top confort au bivouac, on le perd pendant la marche, l'essentiel d'une bonne rando. Le minimalisme est la clé. Bien entendu, il se traduit par un bivouac plus spartiate. On peut égoutter les pâtes sans passoire, faire la lessive sans bassine. Faire l'effort de bien mesurer chaque besoin (savon, gaz...) pour n'emporter que l'essentiel peut sembler une démarche pesante, mais c'est indispensable à une marche légère... et donc agréable !gourde métal

Le marketing est gourmand de gadgets "light" et pratiques, fais pour améliorer le confort du bivouac. Tous ces accessoires légers, finissent pas peser lourd, d'autant plus qu'ils sont souvent superflus. On retrouve ici la chimère du confort "comme à la maison". Ce qui est vraiment léger, c'est ce que l'on ne porte pas. En plus, c'est gratuit. L'utilité relative des gourdes isothermes, des supers lampes ou des accessoires cuisines est largement plus que compensé par le sur-poids à trimbaler.

 

L'alimentation

boite ravioliEnfin, nous arrivons à la fin, la boîte de conserve qui fait déborder le sac. Nous n'avions pas bien réfléchi à quelque type de nourriture emporter. Nous avons donc fait de mauvais choix, trop lourd, avec un mauvais rapport calorie apporté / gramme porté.

Les boîtes de conserve ont l'inconvénient d'être lourde, car le produit contient beaucoup d'eau et le contenant métallique pèse. Il faut privilégier des aliments riches, avec peu d'eau et que l'on hydratera (pâtes, semoule) et dont les contenants sont légers.

 

 

Suite à cette première rando, excellente, mais durant laquelle le poids des sacs c'est continuellement fait sentir, nous avons radicalement changé d'optique, grâce au site Randonner léger. Nous avons divisé le poids des sacs par plus de deux, pour un niveau de confort équivalent au bivouac. Quand au confort de marche, la différence est énorme. 

Notre erreur est de ne pas avoir réfléchi suffisamment à la conception de notre liste. Nous nous sommes contentés d'un petit test de quelques kilomètres. Il a suffit pour que nous prenions conscience du poids démesuré des sacs. Pourtant, suite à cela, nous n'avons rien changé, ne sachant pas quoi modifier et imprégnés des conseils "intangibles". Heureusement, les 60km effectués en Ardèche nous servirons de thérapie de choc. Ils nous permettront de passer d'un matériel choisi selon des critères principalement marketing à une liste constituée selon NOS besoins.

 


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